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Expérience du Lieu
15 août 2004

4. Hétérotopie





Blog3_heterotopie

« Il y a également, et ceci probablement dans toute culture, dans toute civilisation, des lieux réels, des lieux effectifs, des lieux qui ont dessinés dans l'institution même de la société, et qui sont des sortes de contre-emplacements, sortes d'utopies effectivement réalisées dans lesquelles les emplacements réels, tous les autres emplacements réels que l'on peut trouver à l'intérieur de la culture sont à la fois représentés, contestés et inversés, des sortes de lieux qui sont hors de tous les lieux, bien que pourtant ils soient effectivement localisables. Ces lieux, parce qu'ils sont absolument autres que tous les emplacements qu'ils reflètent et dont ils parlent, je les appellerai, par opposition aux utopies, les hétérotopies » (nous pointons)

Michel FOUCAULT, Dits et écrits 1984, "Des espaces autres" (conférence au Cercle d'études architecturales, 14 mars 1967), Architecture, Mouvement, Continuité, n " 5, octobre 1984, pp. 46-49.

Voir http://foucault.info/links/documents.html



Blog 4 : hétérotopie
Note : ce blog inaugure l'inclusion d'une imagerie néblassienne, annoncée par le blog précédent. Merci au Lecteur d'avoir bien voulu patienter jusque-là...



“Faut oser squatter cet endroit !" lança un randonneur, père de famille, en regardant le fort de Néblas (juillet 2004).


La « montagne » de Néblas au sens pastoral, quoique estive banale au sens de propriété communale, a permis la mise en place d'un dispositif spatial "autre", enraciné dans un lieu, le fort, où le fonctionnement banal de la société n'a pas court. Les néo-résidents du fort ont une existence saisonnière (de fin Juin à la fin Octobre) que le philosophe Canguilhem aurait dénommée - sans la dépréciation normative - "anomale", autrement dit inattendue, insolite...


Il nous faut explorer cette anomalité et la constituer en une hétérotopologie ou « description des hétérotopies », dont Foucault a brossé les principes. On l’associera aussi à la notion de « lieu blanc » (Georges Didi-Huberman) particulièrement pertinente et complémentaire.

On retiendra parmi les définitions de Foucault, celles qui semblent s’accorder à notre objet « Néblas » avec les pistes, qui pourraient faire autant de devises (voir Glossaire 3). Ce sont autant de jalons, de bornes milliaires, sur les chemins de traverse qu’on cherchera à emprunter au double de sens de :


  • Ouvrir une route nouvelle, une via rupta, pratiquer une anatomie au sens premier,

  • Prendre ailleurs et faire siennes des idées autres, au gré de lectures nouvelles, qui nourriraient notre intuition face à l’inapparent. L’acte de penser d’un dehors est une décision stratégique.


On ne doit pas considérer ce plan comme une clôture, qui s’accorde mal avec les caractères « autres » du Lieu et de notre « ligne de fuite » (voir Glossaire du blog « Atopique, atypique : tombé dans la fable du Lieu ») :

« Un plan, cela s’appréhende de haut, comme dans le jeu d’échec ou comme lorsque nous cherchons un trésor à l’aide d’une vieille carte. Mais, ici, nous sommes à même le lieu de cette œuvre : nous adhérons trop à sa nouveauté pour en prévoir l’enjeu, la fin. Tant mieux. Cela nous obligera à éprouver notre regard dans son temps réel, qui est le temps de la surprise, du dessaisissement et, donc, à ne pas préjuger trop de ce que nous y verrons »

Georges Didi-Huberman, 1999, La demeure, la souche. Apparentements de l’artiste, Minuit, p. 11


D’autant que notre idéal du blog, à l’instar de l’écriture en Chine, est basée sur une obliquité discursive :

« l’idéal du wen est le plus souvent celui d’un texte détendu, « lâche », ondoyant, qui ne cherche pas à serrer un objet, mais en maintient la pregnance. Car un discours explicite est un discours clos, dont l’achèvement ne laisse plus rien à attendre, et qui, par conséquent, est stérile.Tout est dit, et c’est fini (…)

François JULLIEN, « Penser d’un dehors », Le Débat, N° 91, sept-oct. 1996, p. 167.


Enfin, plusieurs éléments esthétiques manquent : laissons-leur le temps et le lieu d’apparaître…



Quelles sont les mailles du dispositif de l’hétérotopie défini par Foucault, qui ont été retenues ici ?

Un dispositif borné

« Les hétérotopies supposent toujours un système d'ouverture et de fermeture qui, à la fois, les isole et les rend pénétrables. En général, on n'accède pas à un emplacement hétérotopique comme dans un moulin. Ou bien on y est contraint, c'est le cas de la caserne, le cas de la prison, ou bien il faut se soumettre à des rites et à des purifications. On ne peut y entrer qu'avec une certaine permission et une fois qu'on a accompli un certain nombre de gestes ».

Circonscription


Une hétérotopie de crise ?

« c'est-à-dire qu'il y a des lieux privilégiés, ou sacrés, ou interdits, réservés aux individus qui se trouvent, par rapport à la société, et au milieu humain à l'intérieur duquel ils vivent, en état de crise. Les adolescents, les femmes à l'époque des règles, les femmes en couches, les vieillards, etc ».

Lieu de (Re)Pli et approche mineure au sens de Deleuze, Backdoor (Porte dérobée, Trappe arrière), un interstice de mobilité au sens de l’architecte et urbaniste Stéphane Tonnelat, une hétérotopie de transgression ? (« heterotopie of crossing » du Gruppo Ulysses


Des emplacements incompatibles

« L'hétérotopie a le pouvoir de juxtaposer en un seul lieu réel plusieurs espaces, plusieurs emplacements qui sont en eux-mêmes incompatibles ».

Casemate-cabanon, Camp, Aridité…


Une hétérochronie

« Les hétérotopies sont liées, le plus souvent, à des découpages du temps, c'est-à-dire qu'elles ouvrent sur ce qu'on pourrait appeler, par pure symétrie, des hétérochronies ; l'hétérotopie se met à fonctionner à plein lorsque les hommes se trouvent dans une sorte de rupture absolue avec leur temps traditionnel »

« Exfermés », l’été/Léthé 2002, Deaden


Pas de Glossaire 4

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