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Expérience du Lieu
15 août 2004

3. Principes de ce blog

"Mais ces banalités signifient plus : le peintre ajoute au visible de nouveaux visibles, parce que lui seul, avancé imprudemment au bord extrême de la bouche d'ombre, guette et provoqie le surgissement d'invus dont aucun regard avant le sien n'avait su ni osé approcher la violente nouveauté. Chasseur d'insus insoupçonnés, le peintre quête dans l'obscur de quoi ajouter à la visibilité déjà disponible. Il tente de recevoir dans son acdre un nouveau venu, un vu neuf, et de l'y retenir en le réduisant sans reste à sa pure visibilité..."
Jean-Luc Marion, 2001, De surcroît. Etudes sur les phénomènes saturés, PUF, p. 83.



BLOG 3

Les choses invues *1

Tel le peintre, nous cherchons à opérer un dévoilement de choses que le "passager du vent" - ainsi dénommons-nous le randonneur pressé par son itinérance - ne percevra pas.

Nous avons opté pour l'immersion dans le Lieu. Comme on cherche à apprendre une langue étrangère, on s'exile, on part en terre étrange/étrangère. De passager du vent, on se mue en "revenant", sorte de co-résident temporaire du Lieu, toujours le même et pourtant, jamais identique (labilité du temps météorologique, des néo-résidents). C'est se faire l'habitant de l'intervalle à l'instar du résident secondaire :

"Ni indigène, ni étranger pour autant, le résident secondaire se loge en un séjour qui semble résulter de la conjonction illogique du provisoire et du durable. il s'inscrit dans un interstice paradoxal. D'ici et d'ailleurs, il est tout à la fois un passant qui reste et un habitant qui passe..."
Jean-Didier URBAIN, "Le résident secondaire, un touriste à part ?", Ethnologie française, XXXII, 2002, 3, p. 515-520, p. 516.


Vivre le Lieu en indifférence avec la météorologie - pluie, orages, brumes persistantes et averses continuelles comme durant l'été 2002 remarquablement pourri, vents froids - mais en consonance avec les néo-résidents bergers : manger avec eux, partager les vivres, les aider dans les soucis du quotidien si besoin.

Dévoilement d'un côté, effacement de l'autre. On oscille entre deux pôles. Une schizophrénie, un équilibre difficile à trouver. Je réalise mieux mieux mes réticences à créer un site... avant ce mois d'août 2004...



Comment sera présenté ce blog ?

Vivre le Lieu plusieurs saisons dans sa désertude peut susciter de la monotonie, voire de l'ennui, si ce n'est une tendance à l'introspection. On y séjourne dans un autre espace-temps. Tout se passe comme si l'objet "Néblas" était posé devant un miroir anamorphique *2 renvoyant de lui une image insoupçonnée, comme s'il "lâchait" des bribes d'indicible.

Dès lors, nous faisons nôtre la pensée forte de Balthasar GRACIAN :

"Plus la vérité est difficile d'accès, plus elle est agréable et la connaissance qui coûte s'estime davantage. Un objet qu'on nous dispute redouble notre désir de le gagner et l'on a plus de jouissance à sa conquête qu'à son abandon pacifique"
Balthasar GRACIAN, La pointe ou l’art du génie [Agudeza y arte del ingenio], Discours VI, p. 118, 1983, L’Age d’Homme/UNESCO.


C'est dire que cette recherche de la Vérité - l'atteindra-t-on jamais ?- a un coût intellectuel pour soi et pour Vous, Lecteur actuel ou futur...


Ce blog sera une manifestation esthétique, c'est-à-dire destiné à affecter les sens, si tant est que ce soit possible (revoir le sens 2 du précédent blog, sur le risque de l'expérimentation).

Désormais, nous pouvons jeter les bases de fonctionnement de ce blog : ces principes sont présentés séparément, mais c'est là manière artificielle. Chacun est inter-relié aux autres selon les principes de la complexité au sens d'Edgar MORIN. On constituera donc un système, une sorte de petite architecture au service de la compréhension de l'expérience du Lieu :


  • Dévoilement d'un côté, effacement de l'autre (voir supra et revoir Atopos dans le précédent blog ), tel est notre postulat, qui correspond à notre tiers-état, ni étranger (randonneur de passage), , ni "indigène" (néo-résident du fort). Ceci justifie notre choix de ne pas s'imposer dans la casemate-cabanon de mes amis. J'occupe en effet une casemate séparée, que j'ai baptisée par auto-dérision, "mon Ritz"... On y reviendra.

  • Recherche d'une esthétique iconographique,  une "belle apparence" (bella vista de Tesauro) : les images ne seront jamais livrées brutes. La révolution du numérique ne réside pas tant dans la facilité de prise d'imagerie et de développement, mais dans les formidables expérimentations que l'informatique permet. Point besoin d'un appareil photo numérique très onéreux pour réaliser de superbes clichés créatifs. En clair, point de salut, pour moi, sans un ordinateur, qui autorise son propre laboratoire de production. Une post-production, toujours dévoreuse de temps, sous Photoshop et d'autres logiciels est toujours menée, ne serait-ce que pour accentuer le fichier numérique. Ponctuellement, un retour sur expérience du travail créatif en-train-de-se-faire pourra être explicité dans les prochaines publications (renvoi sur des sites Web et des ouvrages, protocoles simplifiés de traitement du projet).

  • <>Publications sous la forme de thématiques-devises *3, les titres des articles qui n'auront désormais que quelques mots." La briéveté, explique Tesauro, comporte en elle plus de grandeur et de force, puisque même dans la menace, dans l'emportement, dans le commandement, quelques paroles obscures causent plus d'effroi qu'un long discours clair". Désormais, pour plus de lisibilité, chacun des blogs et des glossaires sont numérotés à partir du présent ("3. Règles et principes de ce blog"). Les mots-clés et les auteurs cités, les mots rares, difficiles, polysémiques (marqués d'une *) sont respectivement marqués en noir et en rouge afin de faciliter le repérage de l'essentiel.


  • Rigueur des renvois de citations, auxquelles le Lecteur pourra(it) se tourner (revoir le précédent blog pour notre souhait de "faire prolonger cette ligne de fuite"). C'est bien le moins que de tenter de donner envie delire ces auteurs qui ont contribué à mon éclairage de cette expérience du Lieu. De la même façon, on se refusera à glisser sur la pente d'un simplisme langagier : ici, pas de langage "sms", ni d'abréviation. Notre esthétique està ce prix. C'est une question de convenance langage / esthétique du projet. On sollicitera néanmoins l'indulgence du Lecteur pour les possibles fautes de frappe ou autres toujours possibles...


  • Ouverture et dialogue aux Lecteurs qui le souhaiteraient par les commentaires de bas du blog.

A suivre donc...



Glossaire 3 :


* 1. "Par "invu", nous entendons purement et simplement ce qui, de fait, ne parvient pas ou pas encore à la visibilité, alors que je pourrais de droit l'expérimenter [voir blog précédent pour ce mot] comme un possible visible" (définition courte de Jean-Luc Marion, p. 131, op. cit. supra en exergue).

* 2. "Une anamorphose est une image déformée qui retrouve ses proportions d'origine quand on la regarde sous un certain angle ou réfléchie dans un miroir adapté". On compte les anamorphoses cylindriques, sphériques, coniques.
> voir http://www.ac-grenoble.fr/lycee/LAB/jr2000/espace/pages/anamorph1.htm

* 3. C'est Emanuele TESAURO, qui explique que la finalité de la devise est "de rendre visible l'invisible". Il cite pas moins de trente et une "thèses" censées caractériser la perfecta impresa.
> voir Mireille BUYDENS, 1998, L'Image dans le Miroir, Bruxelles, la Lettre Volée, p. 134-137.

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